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Être enceinte après 40 ans

    C’est un peu le rêve ou le slogan de toute une génération : un bébé quand je veux ! Mais peut-on vraiment être enceinte quand on le veut ? Passée 40 ans, les choses deviennent plus difficiles, même si les progrès de la médecine permettent maintenant de concevoir de plus en plus tard.

    Les gynécologues considèrent qu’être enceinte après 40 ans, constitue une grossesse tardive, avec les problèmes qui peuvent survenir en raison de l’âge. Et ceux-ci peuvent être assez nombreux, même s’ils sont assez souvent résolus. C’est justement le rôle du gynécologue de considérer le plus en amont possible les éventuels problèmes qui peuvent survenir…

    Le premier point concerne la difficulté de tomber enceinte. La fertilité diminue nettement à 40 ans, et c’est donc le premier obstacle à une grossesse… Quand celle-ci est en route, l’âge nécessitera de prendre plus de précautions que si la maman avait 20 ans. Avec en particulier, une recommandation d’effectuer des examens nécessaires pour rechercher d’éventuelles anomalies chromosomiques chez le foetus…

    Ce dossier aborde les différentes questions avec leurs solutions. Commencez par découvrir le témoignage de Blanche qui a accouché de son premier enfant à 45 ans. Mais aussi les recommandations d’un gynécologue pour une femme enceinte après 40 ans.

    Le témoignage de Blanche

    Entretien avec Blanche, 45 ans, qui nous livre son témoignage…

    Vous venez d’avoir un petit garçon, votre premier enfant, à 45 ans. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
    J’ai fait de longues études. J’ai préparé pendant plusieurs années un doctorat de langues et j’y ai mis vraiment toute mon énergie, toute ma passion et tout mon temps. J’ai vécu deux échecs conjugaux. Tout ça, ça prend du temps et la vie passe vite ! Depuis six ans, je vis avec mon mari. Lui a déjà trois enfants de son premier mariage. Lorsque je l’ai connu, il n’avait pas encore divorcé. Son divorce a été long et très conflictuel. Bref ! Nous avons attendu beaucoup, beaucoup trop, avant de chercher à avoir un bébé. Et ça a été très difficile.

    Comment s’est déroulée votre grossesse ?
    Cette grossesse-là s’est déroulée à peu près normalement. Bien sûr, j’étais fatiguée. J’avais un suivi médical très régulier et très rassurant. Mais psychologiquement, c’était difficile ! Parce qu’avant de mener cette grossesse, j’ai fait de nombreuses fausses couches. J’ai suivi des traitements hormonaux très fatigants, très lourds. Et ça ne marchait jamais. Ou quand ça marchait, ça ne tenait pas. Donc, pendant toute cette grossesse-là, j’avais peur en permanence. Au moindre petit saignement, à la moindre douleur, c’est vrai que j’étais effrayée.

    Et votre accouchement ?
    Je dois dire que j’ai été très entourée par toute l’équipe médicale. J’ai été très bien surveillée tout au long de ma grossesse et pour l’ accouchement. Tout s’est très bien passé. Je pense que j’ai été plus fatiguée qu’une femme plus jeune dans la même situation. Mais tout va bien. Et puis, vous savez, quand je tiens mon petit bébé dans les bras, maintenant, j’oublie tout le reste et toutes les difficultés que j’ai pu traverser. Juste, si je peux donner un conseil aux lectrices : n’attendez pas si longtemps.

    Tomber enceinte

    Il y a 20 ans, vous étiez 8 000 à faire un bébé après 40 ans ; aujourd’hui, vous êtes 27 000. Ce sont les femmes des années 80 qui ont privilégié leur carrière, et reporté le bébé à plus tard. Ce sont aussi parfois toutes celles qui ont refait leur vie, qui ont de grands enfants et qui veulent un nouveau bébé avec un nouveau compagnon… pour ne citer qu’elles.

    Nos conseils :
    > Au-delà de 40 ans, si vous désirez avoir un enfant, sachez qu’il sera plus difficile de tomber enceinte et que vous risquez davantage de présenter des problèmes de santé au cours de la grossesse.

    > L’objectif n’est cependant pas impossible. Grâce aux années passées, à votre expérience… vous êtes devenu plus responsable, et vous saurez accepter d’éventuelles contraintes, et d’éventuels traitements.

    C’est plus difficile

    > Avant de tomber enceinte, adoptez une hygiène de vie saine en arrêtant bien sûr la cigarette (qui fait baisser la fécondité).

    > Faites souvent l’amour avec votre partenaire mais sans stress… car l’ anxiété diminuerait les chances de fécondité.

    > Si au bout de six mois environ rien ne se passe, consultez votre gynécologue. Il pourra vous prescrire des examens complémentaires (à vous et à votre partenaire) et envisager un traitement, comme une stimulation ovarienne.

    Risque de fausse couche

    Non seulement il est difficile d’avoir une grossesse après 40 ans, mais il est également plus difficile de mener cette grossesse à son terme.

    En effet, les risques de fausse-couche au cours du premier trimestre augmentent de manière significative : un quart des femmes enceintes de 40 ans et plus feront une fausse-couche (on estime ce risque entre 12 et 15 % chez les femmes d’une vingtaine d’années). En cause : le mauvais fonctionnement ovarien et les risques accrus d’anomalies chromosomiques.

    Les risques pour le foetus

    Les risques de malformation chez l’enfant augmentent peu avec l’âge de la mère, sauf pour ce qui concerne la trisomie 21. On estime les risques d’ accoucher d’un enfant trisomique 21 à 1 sur 1500 à 20 ans, et à 1 sur 100 à 40 ans. A 20 ans, on ne pensera pas systématiquement à un dépistage, alors qu’après 40 ans, il paraîtra évident.

    Heureusement, la trisomie 21 se détecte assez facilement par échographie au 1e trimestre (la maladie est suspectée au niveau de la nuque – plus épaisse – du fœtus), par le tri-test (un dosage sanguin), ou par amniocentèse

    L’amniocentèse

    L’ amniocentèse consiste à prélever du liquide amniotique à travers la peau du ventre de la mère. Cela se fait à l’aide d’une fine aiguille. Ce n’est pas plus douloureux qu’une piqûre intramusculaire. La ponction se fait après repérage, et sous contrôle échographique. L’intervention permet d’établir un caryotype du bébé (la carte de ses chromosomes).

    Attention : le problème de l’amniocentèse est qu’elle peut provoquer une fausse couche. On estime à 1 % le risque de fausse couche due à l’amniocentèse. Et cela n’est pas sans conséquence chez la femme de plus de 40 ans, à qui il faudra encore un certain temps pour être à nouveau enceinte.

    A savoir : L’amniocentèse est (pour l’instant) remboursée par la sécurité sociale, à partir de 38 ans.

    Les risques pour la mère

    Après 40 ans, des maladies qui se seraient révélées plus tard peuvent survenir lors de la grossesse. Il s’agit le plus souvent d’un diabète (trop de sucre dans le sang) ou d’une hypertension artérielle, mais aussi de problèmes cardiaques ou de rhumatismes.

    Après 35 ans, le risque de développer un diabète lors de la grossesse ( diabète gestationnel) est deux fois plus élevé que la moyenne. Si ce diabète n’est pas dépisté et traité, il risquera d’avoir des répercussions sur la santé de la mère (problèmes cardio-vasculaires) et surtout de l’enfant (malformations nerveuses ou cardiaques, surpoids au moment de la naissance, mort in utero).

    Comme pour le diabète, les risques d’hypertension sont deux fois plus élevés après 35 ans. L’hypertension chez la femme enceinte est responsable de l’éclampsie, une affection qui peut entraîner des crises convulsives, des hémorragies cérébrales, des décollements placentaires ou des dysfonctionnements au niveau du foie.

    Heureusement, toutes ces affections peuvent se traiter durant la grossesse. Mais l’apparition de ces pathologies rendra son déroulement encore plus difficile (alitement) et nécessitera un suivi médical très régulier.

    Suivi médical

    Malgré tous les risques énoncés, la plupart des grossesses tardives se déroule normalement grâce à un suivi médical approprié.

    Il est donc impératif de faire un bilan de santé exhaustif avant la conception afin de détecter, à temps, tous les facteurs de risques aussi bien pour la mère que pour l’enfant.

    Durant le reste de la grossesse, il faudra que la mère passe régulièrement les différents examens mais sans pour autant paniquer avant et pendant chaque échographie ou prise de sang. Il est normal d’avoir des moments de stress ou de doute en tant que futur parent, mais faites-vous confiance et faites confiance aux professionnels qui vous entourent.

    Les conseils du gynécologue

    Entretien avec le docteur Jean Thévenot, gynécologue-obstétricien, qui donne des conseils…

    Quelle est votre attitude face à vos patientes de plus de 40 ans qui souhaitent avoir un bébé ?
    Je vois de plus en plus de femmes qui arrivent dans mon cabinet, en me disant qu’elles ont plus de 40 ans, mais elles voudraient avoir un bébé. Moi, je ne peux apporter qu’une réponse technique, évidemment. J’explique juste à ces femmes que ça sera peut-être plus difficile de mettre une grossesse en route, et peut-être plus difficile de la mener au bout. Je préfère les préparer à des difficultés possibles. Vous savez, le pire, c’est une femme de 40 -45 ans, qui se donne énormément de mal pour être enceinte et qui fait une fausse-couche. Il vaut mieux y être préparée psychologiquement. C’est une épreuve très dure à vivre.

    Quels sont vos conseils ?
    Je ne peux donner que des éléments de réflexion. Ce sont les patientes qui décident. Tant mieux ! Mais il est important de rappeler qu’une telle grossesse ne risque pas d’entraîner que des problèmes médicaux. Je vais vous donner un exemple. Il y a peu de temps, j’ai accouché, à quelques jours de distance, la mère de 47 ans et la fille de 27 ans. Ça veut dire que les enfants qui seront oncle et nièce, auront le même âge. Tout cela est significatif d’un changement des modèles familiaux. Je n’ai pas à juger cela. Mais, il faut penser qu’il y a un âge pour avoir un bébé.
    En fait, il y a une seule chose sur laquelle j’insiste pour les femmes que je vois entre 30 et 40 ans : n’attendez pas pour avoir votre premier enfant ! Traiter l’ infertilité après 40 ans, c’est beaucoup plus difficile.