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Je risque d’accoucher avant terme…

    Lorsqu’on attend un enfant, la crainte de ne pas arriver au terme de sa grossesse est omniprésente. Accoucher avant la date prévue est en effet fréquent, c’est pourquoi il est utile, voire nécessaire de savoir reconnaitre les signes qui doivent vous alerter. Mais avant toute chose, on ne le dira jamais assez, il faut vous ménager !

    Au sommaire de ce dossier :
    > Les explications et les causes d’un accouchement prématuré.
    > Les signes qui doivent alerter.
    > Tous les remèdes et traitements pour éviter d’accoucher avant terme.
    > À lire aussi, les conseils d’un gynécologue, et le témoignage de Brigitte.

    Causes et explication

    Une grossesse se calcule en semaines écoulées depuis le premier jour de vos dernières règles. On parle en semaines d’ aménorrhée (absence de règles). En principe, elle dure 41 semaines d’aménorrhée (SA). D’après l’OMS, une menace d’accouchement prématuré concerne les femmes qui risquent d’ accoucher entre 22 et 36 semaines d’aménorrhée.

    Si aucune intervention médicale n’en retarde le processus, l’ensemble des modifications du col de l’ utérus et des contractions utérines régulières et douloureuses, risque de conduire à un accouchement.

    La menace d’ accouchement prématuré est l’événement pathologique le plus fréquent de la grossesse, elle peut être plus ou moins sévère. 6 à 8 % des grossesses se terminent en accouchement prématuré.

    Les causes

    Les causes sont multiples et en général associées. Cependant, il y a des cas de menaces d’ accouchement sans aucune cause retrouvée. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a pas…

    Parmi les principales raisons :
    > Une activité excessive de la future maman peut favoriser la prématurité.

    > Les antécédents d’accouchements prématurés, surtout multiples, constituent un risque élevé.

    > Une température élevée peut provoquer des contractions utérines et le déclenchement du travail. L’hyperthermie peut être due à une maladie provoquée par un parasite, une bactérie ou un virus. Si vous avez une fièvre élevée, votre médecin fera une recherche systématique d’infection urinaire. Sachez que 15% des infections urinaires n’ont aucun symptôme, d’où l’intérêt de faire une recherche lors de la visite mensuelle.

    Des causes particulières :
    > Une malformation utérine : Dans 5% des cas, les femmes sont nées ainsi, avec un utérus malformé. Dans d’autres cas, cette malformation utérine chez une femme est due à la prise du Distilbène par leur mère lorsqu’elle était enceinte d’elle. Le Distilbène est un médicament qui a été prescrit à toute une génération de femmes pour empêcher les fausses-couches.
    Une malformation de l’utérus peut provoquer un accouchement prématuré.

    > Un fibrome utérin volumineux et mal placé.

    > Un col ouvert. Si la béance n’est pas traitée dès le début, le risque d’accouchement prématuré est de 100%. Dans ce cas, un repos strict est de rigueur et la position allongée vous sera conseillée.

    > Les grossesses multiples, qui doivent être particulièrement suivies.

    > Un placenta praevia : Lorsque le placenta vient recouvrir le col, il peut provoquer des saignements et une menace d’accouchement prématuré.

    > L’hydramnios : lorsqu’il y a trop de liquide amniotique.

    Les facteurs déclencheurs

    Sans qu’il existe de raisons spécifiques, certains facteurs risquent de favoriser une menace d’accouchement prématuré :

    > Plusieurs enfants en bas âge et aucune aide extérieure, ou des grossesses rapprochées,

    > Un travail prenant, avec de longs trajets quotidiens, une fatigue et des efforts inhabituels,

    > Des antécédents de plusieurs curetages,

    > Une prise de poids anormalement basse ou anormalement élevée,

    > Une grossesse très jeune (avant 18 ans)… ou très tardive.

    Les signes d’alerte

    Ces symptômes sont assez précis, et nécessitent l’avis immédiat du médecin ou de la sage-femme :

    > Des contractions utérines fortes et nombreuses. Cela étant, l’appréciation de la nature des contractions (fortes, longues, rapprochées) est assez confuse. C’est pourquoi, on les mesure par un monitoring qui permet d’avoir une indication assez précise du type de contractions.

    > Des saignements importants en cours de grossesse doivent être immédiatement signalés à votre médecin, ou à la sage-femme qui vous suit.

    > Un écoulement de liquide doit également vous faire aller immédiatement aux urgences. Il existe aujourd’hui des tests, sous forme de bandelettes, qui permettent de savoir s’il s’agit du liquide amniotique ou si c’est votre vessie qui vit sa vie…

    > En dehors de tous ces signes, la sage-femme, ou le médecin qui vous suit, vérifieront chaque mois l’état de votre col. Un raccourcissement, une dilatation ou un ramollissement peuvent être des signes de menace d’accouchement prématuré. Une ouverture de l’orifice interne du col, aussi.

    Attention : N’auscultez jamais votre col vous-même. D’une part, vous risquez d’introduire des germes et d’autre part, les manipulations du col sont réservées au personnel médical. Cela n’a rien d’anodin.

    Les examens

    Le premier examen en tête de liste est le monitoring maternel. Une sangle abdominale permet d’enregistrer les contractions effectives, leur intensité, et permet de juger de leur action sur le col. Un autre capteur mesure le rythme cardiaque de votre bébé.

    Un examen des urines aide à éliminer une éventuelle infection. Une prise de sang est faite systématiquement dans le but de rechercher, entre autres, une infection par une modification de votre formule sanguine ou une augmentation de vos enzymes hépatiques. Votre médecin prendra votre tension artérielle et cherchera des protéines (albumines) dans vos urines, signe d’une éventuelle toxémie. Il se peut qu’une échographie soit faite pour compléter les examens.

    Les traitements

    Les traitements d’une menace d’accouchement prématuré sont :

    > Préventifs :
    Le meilleur traitement pour une menace d’ accouchement prématuré est la prévention. C’est tout l’intérêt des visites mensuelles obligatoires en France, lors de la grossesse.
    Si votre médecin a des raisons de suspecter un accouchement prématuré, il vous conseillera d’éviter les sports violents. Il demandera un aménagement de votre poste de travail. Si cela est nécessaire, il vous arrêtera et vous demandera de vous reposer au maximum. Il se peut que la surveillance soit un peu plus rapprochée.

    Notre conseil : Prenez une aide ménagère si vous le pouvez, et suivez les instructions de votre médecin. Lui seul est compétent dans le diagnostic de menace d’accouchement prématuré.

    > Curatifs :
    Dans le cas où on vous a diagnostiqué une menace d’accouchement prématuré, vous devez réellement vous reposer. L’alitement à l’hôpital vous sera peut-être proposé s’il est établi que vous ne pourrez pas rester allongée chez vous, pour des raisons pragmatiques (autres enfants à la maison).
    Dans le cas où vous pouvez rester à domicile avec un repos strict, vous aurez probablement une sage-femme qui passera chez vous pour vérifier que tout va bien.
    Les médicaments sont prescrits en fonction du type de menace d’accouchement prématuré que vous avez :
    – S’il s’agit de contractions répétées, le médecin vous prescrira des médicaments destinés à réduire les contractions.
    – Les progestatifs, hormones de la grossesse (entre autres) sont parfois prescrits aussi.
    – Vous serez sous corticoïdes (cortisone) s’il y a menace sévère d’accouchement prématuré, afin d’accélérer la maturation des poumons de votre bébé.
    – En dernier recours, s’il y a une rupture des membranes, on vous prescrira des antibiotiques pour éviter l’infection du liquide amniotique.

    Les conseils du gynéco

    Les conseils du Professeur Michel Tournaire, gynécologue, à l’hôpital Saint-Vincent de Paul (Paris).

    Peut-on garder espoir lorsqu’on vous annonce que vous risquez d’accoucher de façon prématurée ?
    Oui, car très heureusement, la majorité des femmes en menace d’accouchement prématuré arrive au terme convenable de 37 semaines d’aménorrhée (SA). Dans certains pays, pour être reconnue comme en menace d’ accouchement prématuré, il faut avoir des contractions ET un col ouvert. En France, l’un ou l’autre est défini comme menace d’ accouchement prématuré. Aussi en raison de cette définition très large et de la prise en charge adéquate, la menace d’accouchement reste souvent au stade de menace… et l’accouchement se fait à un terme convenable.

    Pourquoi le cerclage (fermer le col avec un fil) très « à la mode » il y a quelques années, est devenu contre-indiqué ?
    Tout d’abord, c’est faux de dire que le cerclage est contre-indiqué. Il est indiqué et bénéfique dans le cas des béances de col entraînant de vrais risques d’accouchement prématuré. Une étude a montré le bénéfice du cerclage sur les très hauts risques de prématurité.
    Un seul incident, comme une fausse couche tardive ou un précédent accouchement prématuré, dus à un problème de col, devrait suffire pour avoir un cerclage.

    Pourquoi beaucoup de femmes alitées pour une menace d’accouchement prématuré se retrouvent finalement à être déclenchées après terme ?
    Ceci n’est pas surprenant et on voit souvent cela chez les femmes dont la mère a pris du Distilbène. L’utérus en se dilatant entraîne une sollicitation du col, parfois critique, qui varie avec l’âge de la grossesse. C’est un peu comme un ballon que l’on gonfle. Au début, il y a une résistance et la dilatation de l’utérus se fait difficilement. Une fois cette étape passée, il va se dilater plus librement. C’est pour cela qu’en fin de grossesse, il arrive que le col se modifie moins volontiers, au point de dépasser parfois le terme.
    Enfin, le repos, les actions intentées pour éviter l’accouchement prématuré, font que finalement, une fois que l’utérus a pris son « rythme de croisière », il ne se met pas en route pour l’accouchement.

    Le témoignage de Brigitte

    Brigitte, maman de Gaëtan âgé de huit mois, raconte ses problèmes durant sa grossesse…

    Vos problèmes ont commencé très tôt pendant votre grossesse…
    J’ai eu des saignements dès le début de ma grossesse. J’ai dû être alitée pendant près de 8 mois car je cumulais : un col ouvert dès le début de ma grossesse et des contractions non stop depuis mon deuxième mois de grossesse.

    Comment faisiez-vous pour être surveillée ?
    Un véhicule spécialisé venait me chercher pour mes échographies et mes visites à l’hôpital. J’avais eu droit à une sorte de monitoring maison. Deux fois par jour, et pendant plus d’une heure, un capteur enregistrait mes contractions, et je les faisais écouter à mon médecin par téléphone. C’était pour éviter de me faire déplacer avec mon col fragilisé.
    Finalement, mon petit garçon est né à terme, un joli petit bébé tout rose, qui m’a fait oublier tous les soucis de ma grossesse.