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La congélation d’ovocytes : dans quels cas ?

    Le Pr Jacques Lansac, gynécologue au CHU de Tours, explique qu’est-ce qu’une congélation d’ovocytes et en quels cas on peut y avoir recours. Des infos utiles qu’il ne faut pas hésiter à partager sur les réseaux sociaux…

    Quand peut-on avoir recours à la congélation d’ovocytes ?

    Il existe plusieurs possibilités pour préserver sa fertilité avant un traitement à risque d’infertilité. La technique de congélation des ovocytes est utilisée depuis peu dans le traitement de l’Assistance médicale à la procréation (AMP). Elle est aujourd’hui proposée pour préserver la fertilité des femmes initialement atteintes d’un cancer nécessitant le recours à des traitements potentiellement stérilisants (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) qui détruiront les ovocytes.

    Chez l’homme, la mise en réserve du sperme par congélation est pratiquée depuis de très nombreuses années.

    Chez la femme, la congélation des ovocytes a longtemps posé des problèmes techniques, aujourd’hui résolus. Mais sa pratique nécessite des ovaires matures (ce n’est pas possible avant la puberté), ainsi que la possibilité de subir un traitement de stimulation de l’ovulation et un prélèvement folliculaire, et si possible plusieurs pour qu’un nombre suffisant d’ovocytes puisse être mis en réserve.

    Comment préserver sa fertilité ?

    • Faire une fécondation in vitro (FIV) d’urgence avant de débuter une chimiothérapie (avec stimulation de l’ovulation et ponction des ovocytes), et congeler les embryons obtenus pour les utiliser quand la femme sera guérie de sa maladie. Encore faut-il que la femme soit en couple au moment où se déclare le cancer ou la maladie grave…

    • Si elle est seule, on peut désormais prélever et congeler des ovocytes, la technique de congélation rapide (encore appelée vitrification) ayant été autorisée par la loi de bioéthique de 2011.

    • Il est aussi possible de prélever et de congeler du tissu ovarien et de le remettre en place quand la femme est guérie. Cette dernière possibilité est surtout intéressante pour les petites filles, non encore réglées. Par cette technique, le nombre de grossesses obtenues dans le monde reste faible, la conservation ovocytaire ou embryonnaire est donc préférable chaque fois que cela est possible.

    Des grossesses de plus en plus tardives

    Par extension, on songe aujourd’hui à appliquer ces mêmes techniques à celles dont la fertilité est mise en danger en raison de leur âge. Le phénomène de retard de l’âge du désir de grossesse, phénomène sociétal lié à de nombreuses causes non médicales, s’accompagne d’un risque accru d’infécondité définitive. La femme qui approcherait de l’âge de 36 ans sans avoir eu d’enfant serait tentée de préserver ses chances quelques années supplémentaires, en ayant recours à une congélation de ses ovocytes. Les problèmes que cela peut poser sont nombreux, mais la réflexion est lancée…

    Plusieurs arguments plaident en faveur de l’autoconservation ovocytaire (par congélation des ovocytes). Le désir d’enfant est de plus en plus tardif. Études, carrières féminines, hasards de la vie ne permettent pas toujours aux femmes de fonder une famille au moment où leur fertilité est optimale. Seul le don d’ovocytes peut compenser le vieillissement ovocytaire, aussi les candidates au don d’ovocytes sont de plus en plus nombreuses, or il y a une pénurie réelle de don d’ovocytes en France.

    Congeler ses ovocytes avant qu’il ne soit trop tard (avant 35 à 38 ans) permettrait à une femme qui n’aurait pas pu procréer au moment où sa fertilité est optimale, d’utiliser ultérieurement ses ovocytes congelés. Néanmoins cette technique risque d’encourager encore plus les grossesses tardives dont les risques sont réels pour la mère et pour l’enfant. Ces risques s’élèvent dès 40 ans et sont franchement majorés après 45 ans. De plus, la grossesse n’est pas garantie et cette possibilité risque de donner un faux espoir aux femmes qui, ayant leurs ovocytes au congélateur, penseraient pouvoir attendre sans souci…

    A noter que l’autoconservation ovocytaire de convenance n’est pas possible en France. Depuis quelques années, la conservation d’ovocytes est proposée dans certains pays : USA, Espagne… aux femmes pour compenser l’horloge biologique (contre quelques milliers de dollars ou d’euros…).