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La rééducation périnéale après l’accouchement

    L’accouchement, surtout le premier, est une épreuve pour le corps, en particulier pour les muscles du périnée mis à rude épreuve. Distendu lors du passage du bébé, le périnée va perdre ensuite de sa tonicité. D’où l’intérêt de pratiquer une rééducation périnéale adéquate après l’accouchement pour remuscler cette zone, ô combien importante.

    En France des séances de rééducation périnéale sont très souvent prescrites suite à un accouchement. Ces séances sont remboursées par la sécurité sociale et ont un rôle à la fois curatif et préventif. Le but est de redynamiser les muscles du périnée afin de prévenir ou corriger les problèmes d’incontinence.

    Il faut cependant savoir que les séances de rééducation périnéale ne sont pas suffisantes à elles seules : elles doivent être complétées par des exercices quotidiens à faire chez soi.

    Par ailleurs, la nécessité de la rééducation périnéale n’est pas forcément liée à une grossesse !

    La rééducation périnéale s’adresse à qui ?

    La rééducation périnéale s’adresse aux personnes souffrant de fuites urinaires ou à celles souhaitant éviter ce problème. Ainsi, en France, la rééducation périnéale est systématiquement proposée aux femmes après l’accouchement. Mais elle est également prescrite dans les cas suivants :

    • Chez les personnes souffrant d’incontinence urinaire d’effort ou d’impériosité.
    • En préopératoire ou postopératoire en cas de traitement chirurgical d’un prolapsus (« descente d’organes » qui correspond au déplacement anormal d’un ou de plusieurs organes du pelvis vers le bas : vagin, utérus, vessie…).
    •  Dans certains cas d’hystérectomie (ablation de l’utérus en totalité ou en partie).

    Nous l’avons compris : la rééducation périnéale permet de tonifier le périnée. Mais pourquoi est-ce si important d’avoir un périnée bien musclé ? Et comment ça se passe, une séance de rééducation périnéale ? Quelles techniques sont utilisées ?

    Zoom sur la rééducation périnéale et son utilité, même après une césarienne, avec toutes les informations pratiques et les conseils d’un masseur-kinésithérapeute en prime !

    à quoi ça sert ?

    Pour celles qui hésitent quant à la nécessité ou non de faire des séances de rééducation périnéale, il est bon de rappeler en quoi le périnée est important.

    Il s’agit d’un petit « hamac » de muscles qui soutient à lui tout seul des organes situés au niveau du bassin. Malgré sa petite taille, le périnée permet de maintenir le poids des organes, mais aussi de retenir les selles, gaz et urines. C’est lui encore qui permet de contracter le vagin et d’optimiser les rapports sexuels. D’où l’importance d’un périnée tonique et donc, bien musclé.

    Eviter les fuites urinaires avec la rééducation périnéale

    Au moment de l’ accouchement, le passage du bébé va distendre les muscles de manière importante. Il est donc fortement recommandé à toutes les jeunes mamans de suivre une rééducation spéciale, afin que le périnée retrouve une bonne élasticité et sa capacité de maintien.

    Si vous hésitez encore, observez les éventuelles réactions de votre corps. Si vous souffrez de légères fuites urinaires lors d’un effort, d’un éternuement, d’une quinte de toux… ou d’un simple éclat de rire, c’est que votre périnée est fatigué ! Il faut donc réagir car si rien n’est fait, cela ne s’arrangera pas avec le temps.

    Près de 20 % des femmes sont victimes de cette gêne juste après leur accouchement ou quelques semaines plus tard. Ce désagrément est donc très courant, et il y a des cas où cette rééducation est indispensable, notamment si :

    • ce n’est pas votre première grossesse ;
    • bébé pèse plus de 3,7 kg à la naissance ;
    • son périmètre crânien dépasse 35 cm ;
    • vous avez eu recours à un forceps lors de l’accouchement ;
    • ou si vous avez eu une épisiotomie.

    Pour les femmes qui ne souffrent d’aucun trouble : la consigne sera qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

    Et pour les femmes ayant subi une césarienne ?

    Elles ne sont pas forcément dispensées de ces séances, car même si le bébé ne passe pas par la voie basse, il aura quand même pesé lourd sur le périnée, au cours des neufs mois. De plus, beaucoup de femmes ayant des césariennes ne font pas de rééducation pensant que cela n’est pas nécessaire, et vers l’âge de 50 ans se retrouvent victimes de fuites urinaires !

    comment ça se passe ?

    La rééducation périnéale doit être pratiquée par des professionnels qualifiés dans les 3 mois qui suivent l’accouchement ou un peu plus tard pour les femmes qui sont encore en période d’allaitement.

    Elle peut être réalisée soit par un kinésithérapeute ayant suivi une formation spécifique, soit par une sage-femme. Adressez-vous éventuellement à votre gynécologue qui saura sans doute vous recommander une personne sérieuse et compétente.

    Les séances

    La rééducation périnéale après l’accouchement comporte 10 à 15 séances, de 20 à 30 minutes chacune, à raison de 2 à 3 fois par semaine. Elle est automatiquement prescrite aux femmes qui sortent de la maternité, la Sécurité Sociale remboursant totalement jusqu’à 10 séances chez un kinésithérapeute ou une sage-femme.

    La première séance est cruciale !

    La première séance  dure environ 45 minutes et permet de dialoguer avec le soignant. Car, bien que la rééducation périnéale soit souvent réalisée à l’aide d’instruments, elle ne se résume pas à un « branchement » de la patiente sur une machine.

    Le praticien, qui procède bien sûr à un examen, prend le temps de vous interroger et de vous connaître. Il vous donne des informations concernant la région pelvienne, à l’aide éventuellement de schémas anatomiques simplifiés de votre appareil uro-génital.

    Puis il vous fait faire divers exercices afin de réveiller cette zone et que vous en preniez physiquement conscience. Ces exercices n’ont pas pour objectif de faire du « gros muscle » mais du « muscle intelligent » !

    La clé du succès  de la rééducation périnéale

    La clé du succès de la rééducation réside dans la présence du soignant à coté de la personne pour expliquer, éventuellement corriger la réalisation des exercices. Les séances sont prescrites de 2 à 3 fois par semaine. Généralement, entre 10 et 20 séances avec le soignant sont nécessaires pour retrouver une élasticité et un tonus suffisant de la musculature du périnée.

    Cependant, il est impératif d’effectuer aussi une rééducation chez soi. Ainsi, il faut réaliser des exercices d’auto-rééducation dont les gestes et les mouvements sont expliqués et montrés par le soignant. On peut aussi utiliser à domicile un appareil de rééducation spécifique.

    Une efficacité d’environ 80 %

    Si cette rééducation est correctement conduite, l’efficacité annoncée par les professionnels de la santé est de l’ordre de 80 %. En cas d’échec de la rééducation périnéale, le gynécologue ou l’ urologue pourra proposer d’autres solutions, médicamenteuses ou chirurgicales en fonction du problème initial, de la pathologie, etc.

    les techniques utilisées

    Il existe 3 techniques différentes de rééducation périnéale.

    La rééducation périnéale dite manuelle

    Un travail manuel intra-vaginal peut être indiqué pour renforcer certains muscles spécifiques. Il s’agit d’une méthode d’autorééducation. Elle est souvent utilisée lors des 2 premières séances pour vous permettre de mieux localiser la zone sur laquelle doit porter votre effort et tonifier votre périnée.

    Le praticien procède d’abord à un toucher vaginal puis vous demandera de contracter vos muscles, en réponse aux pressions qu’il exerce. C’est un exercice que vous pouvez ensuite facilement répéter chez vous.

    L’électrostimulation

    C’est une technique de stimulation électrique fonctionnelle, ou électrostimulation endovaginale. Elle permet tantôt de stimuler les muscles périnéaux dans les incontinences d’effort et tantôt d’inhiber les contractions excessives de la vessie dans le cadre d’incontinence par hyperactivité vésicale.

    L’électrostimulation est mise en place progressivement et contribue à la prise de conscience de la contraction du périnée. En pratique, il s’agit d’introduire une sonde dans votre vagin qui va envoyer un faible courant pour provoquer les contractions. Une manière ainsi d’optimiser le travail !

    Avec cette méthode, la patiente « subit », ressent, mais ne contrôle rien. Rassurez-vous : le faible voltage des courants empêchent tout risque de brûlure, mais vous pourriez ressentir des petits picotements désagréables qui ne doivent en aucun cas être douloureux. Le programme se déroule sur 15 minutes. Si la stimulation dure 4 secondes, le temps de repos, lui, sera de 8 secondes.

    Le biofeedback

    Cette méthode va de paire avec l’électrostimulation. La sonde, toujours placée dans le vagin, va exercer une stimulation musculaire par un courant de basse fréquence. En retour, vous devrez exercer vous-même de façon volontaire une contraction du périnée.

    Cette contraction provoquera sur la machine, reliée à la sonde, un effet visuel ou auditif (selon les appareils) et vous indiquera l’intensité de votre contraction. Ainsi si vous avez l’impression de serrer votre périnée au maximum alors que l’écran n’affiche qu’une petite contraction, c’est que vous ne faites pas fonctionner le bon muscle !

    La technique du « biofeedback » musculaire est indiquée pour une meilleure appréhension de la patiente dans l’utilisation de ses muscles. Elle permet d’apprendre à mieux contrôler sa musculature du périnée.

    D’autres techniques

    Une autre technique pour tonifier les muscles du périnée est l’utilisation de « cônes ». Ce concept date depuis plus de 20 ans. Il s’agit d’une méthode permettant de renforcer les muscles du plancher pelvien.

    Il convient également de mentionner les techniques dites « comportementales« , comme le calendrier mictionnel ou la relaxation.

    les conseils du kinésithérapeute

    La rééducation périnéale s’adresse-t-elle à toutes les femmes ?

    Quasiment. Pour les femmes qui accouchent par voie basse, c’est même une nécessité. Jusqu’à l’ accouchement, on ne sait pas dans quel état se trouve son périnée. Il peut avoir souffert, c’est pourquoi chaque femme qui vient d’ accoucher doit le faire vérifier, et même pratiquer quelques séance de rééducation, surtout avant de reprendre le sport !

    Cette rééducation périnéale est-elle contraignante ?

    Absolument pas ! J’irai même plus loin : elle se révèle utile, nécessaire et indispensable. Ces séances sont en plus totalement indolores et les jeunes mamans ont tellement à y gagner ! Il est important qu’une relation de confiance s’instaure entre le thérapeute et la patiente pour que les séances se passent dans des conditions optimales…

    Quelles conséquences peut avoir l’absence de rééducation périnéale ?

    Le nombre d’ accouchements et l’âge peuvent encourager le prolapsus, c’est-à-dire la descente d’organes. Les fuites urinaires également. Et je constate surtout un manque d’information des femmes sur ce problème. Certaines deviennent incontinentes avec l’âge et se disent que ce n’est pas trop grave, alors qu’elles auraient pu réduire ce risque si elles avaient eu recours à des séances de musculation de leur périnée.

    Pourriez-vous donner quelques conseils pratiques ?

    Je dirais « mieux vaut prévenir que guérir ! ». Il y a quelques astuces pour prévenir l’incontinence urinaire : chez soi par exemple, essayer de faire des contractions musculaires, arrêter de pousser quand on est aux toilettes (sous prétexte qu’on est pressée), et surtout, ne pas oublier de se reposer !

    Encore plus de conseils pratiques pour que la rééducation périnéale soit un succès

    Il n’y a pas de résultat miracle. Tout dépendra de la volonté de la jeune maman pour remuscler et tonifier son périnée. Et il faudra faire preuve de patience et faire les exercices régulièrement.

    Mais il arrive aussi que la rééducation périnéale ne soit pas suffisante pour guérir d’une incontinence urinaire. Des traitements médicamenteux peuvent alors être prescrits pour certains types d’ incontinence… avant d’envisager, en dernier recours, une solution chirurgicale. Ce sujet ne doit pas être tabou, alors n’hésitez pas à en parler avec votre médecin.

    Nos conseils :

    • Ne repoussez pas à plus tard vos séances de rééducation périnéale. Profitez de votre congé maternité pour vous occuper de vous.
    • Durant les séances de rééducation, n’hésitez pas à poser des questions au soignant. Il n’est pas toujours évident de bien comprendre les exercices à effectuer, et à bien contrôler ses muscles.
    • Si après votre accouchement vous ne supportez plus les tampons périodiques, parlez-en à votre gynécologue. Il s’agit peut-être d’un début de descente d’organes.
    • Attention aux idées reçues : le « stop pipi » ou arrêt du jet urinaire ne doit en aucun cas être considéré comme une méthode de rééducation !
    • Ne vous découragez pas si vous rencontrez des difficultés au début : entraînez-vous.
    • Une fois les séances de rééducation terminées, continuez chez vous régulièrement à effectuer quelques exercices indiqués par le soignant.
    • Ces exercices réalisés à domicile permettent d’entretenir la musculature du périnée.