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Le déni de grossesse

    Le déni de grossesse correspond au fait que la femme n’a pas conscience d’être enceinte. Le déni de grossesse est souvent à l’origine de questions et de débats dans le grand public, mais aussi chez les soignants.

    Comment une femme peut-elle passer à côté d’un tel événement ? Comment peut-elle en arriver là ? Sur le déni de grossesse circulent beaucoup d’idées fausses, et de préjugés. Enfin, le déni de grossesse peut avoir de graves conséquences, en particulier pour la santé du nouveau-né.

    Il existe deux types de déni de grossesse :

    • Le déni partiel : la femme se rend compte qu’elle est enceinte quelques semaines ou jours avant d’ accoucher.
    • Le déni total : la femme ne prend conscience de sa grossesse qu’au moment de l’ accouchement.

    On estime que le déni de grossesse survient entre 1 à 3 cas pour 1 000 naissances en France, c’est-à-dire entre 600 à 2 000 dénis de grossesses par an, mais ces chiffres sont assez incertains.

    Comment est-ce possible ?

    Cela peut paraître incompréhensible, irrationnel. Mais assez souvent rien (ou presque rien) ne laisse apparaître cette grossesse, en raison de l’absence (ou la presque absence) de signes physiques : des saignements périodiques ( règles) peuvent survenir, il n’y a pas ou très peu de gonflement du ventre.

    La prise de poids chez la future mère est faible (de 4 à 5 kg seulement) et se concentre sur d’autres parties du corps, mais peut parfois être complètement invisible. De plus, le bébé lui-même fait en sorte de ne pas être « repéré ». Le foetus bouge peu et se développe de façon discrète en s’allongeant verticalement plutôt qu’horizontalement dans la partie supérieure de l’utérus.

    Même les proches, l’entourage, la famille peuvent ne rien percevoir non plus.

    Les conséquences pour le bébé et pour la mère

    Les conséquences psychologiques pour les mères sont généralement très lourdes. Beaucoup se demandent comment elles ont pu ne pas voir leur grossesse.

    Dans le cas du déni total, la femme se rend compte de sa situation au moment même de l’accouchement. Bien souvent, elle pense alors à une fausse couche, ou à un enfant mort-né.
    Prises de panique et complètement déboussolée, certaines femmes ne savent pas comment réagir, n’ont pas la présence d’esprit de prodiguer des soins rapides à leur nouveau-né… provoquant ainsi la mort du nourisson. Ce décès survient souvent de manière accidentelle, par manque de soins, suite à un traumatisme crânien…
    L’infanticide est relativement rare, et concernerait moins de 10% des dénis de grossesse.

    Il est important de garder à l’esprit que chaque déni de grossesse est vécu différemment. Si certaines des femmes se sentent incapables d’assumer leur maternité « surprise », d’autres en sont ravies. Dans tous les cas, un suivi psychologique est primordial.

    Les facteurs possibles

    Le déni de grossesse peut concerner toutes les femmes, jeunes, moins jeunes, issues d’un milieu social aisé ou défavorisé, ou même ayant déjà vécu des grossesses « normales ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ou ce que certains ont trop souvent laissé croire, le déni de grossesse n’est absolument pas une pathologie d’adolescentes « retardées ».

    Plusieurs facteurs peuvent conduire à un déni de grossesse. Voici quelques exemples :

    • Une stérilité supposée (la femme se pense stérile et imagine ne jamais tomber enceinte),
    • Des grossesses très rapprochées,
    • Le contexte familial, notamment pour les adolescentes,
    • L’enfant d’une liaison extraconjugale,
    • Un bébé non désiré,
    • Le souhait d’une grossesse non médicalisée,
    • Une grossesse résultant d’une agression sexuelle,

      Mais en réalité, chaque déni de grossesse correspond à une histoire particulière. Dans ce domaine, il est très difficile d’énoncer des généralités.

    Justice et déni de grossesse

    Depuis 1994, la notion d’ « homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans » est passible de la perpétuité. Pour un déni de grossesse avec décès du nouveau-né, des femmes ont été condamnées à plusieurs années de prison.

    Beaucoup de personnes dont les membres de l’Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse (Afrdg), dénoncent un traitement complètement inadapté de la justice.
    En effet, trop souvent la justice ne croit pas à l’irresponsabilité de ces femmes et les punit donc comme des meurtrières d’enfant. Le déni total n’est pas encore reconnu comme une vraie pathologie, et l’Afrdg se bat fermement pour qu’il le soit enfin. Cette mobilisation a pour objectif de faire changer les mentalités sur ce sujet encore peu connu ou mal perçu.

    Dans le cas de l’affaire Courjault, cette question du déni de grossesse avait été évoquée, puis écartée par les experts psychiatres. Impossible de ne pas avoir entendu parler de cette affaire qui a défrayé la chronique. Véronique Courjault, 38 ans, a été mise en examen et incarcérée le 12 octobre 2006 pour un triple infanticide. Dans l’appartement qu’elle occupait à Séoul en Corée, deux nouveaux-nés avaient été retrouvés dans un congélateur.