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Traitement par stimulation ovarienne, mode d’emploi

    Lorsque l’on désire un enfant, il arrive parfois que la nature ait besoin d’un petit coup de pouce… On estime
    qu’un tiers des cas d’infertilité féminine est dû à un mauvais fonctionnement des ovaires.

    Dans ces cas-là, il est possible d’envisager un traitement par stimulation ovarienne pour obtenir une grossesse : les médecins disposent en effet de toute une panoplie de médicaments pour redonner aux femmes toutes leurs chances d’avoir un bébé.

    Dans ce dossier, découvrez :
    > Le témoignage de Christelle pour qui la stimulation ovarienne a été couronnée de succès,
    > Les cas dans lesquels tenter une stimulation ovarienne,
    > Le déroulement du traitement,
    > Les risques encourus,
    > Ainsi que l’avis d’un médecin spécialiste.
    > Enfin, des adresses utiles pour en savoir plus.

    Témoignage de Christelle

    Christelle, 38 ans, a eu recours à la stimulation ovarienne. Le traitement fut un succès : elle est aujourd’hui maman d’une petite fille.

    Comment s’est passé votre traitement ? Etait-ce long, difficile…
    Je voulais un bébé et je n’y arrivais pas. Il faut dire que je m’y suis peut-être prise un peu tard : j’ai fait des études d’ingénieur, donc assez longues, j’ai beaucoup travaillé et je suis restée longtemps célibataire. Et puis il y a trois ans, j’ai rencontré mon compagnon. J’avais déjà 35 ans. Cela a bien marché entre nous et on a eu envie d’ avoir un bébé rapidement. Il s’est un peu fait attendre…
    Mon compagnon a fait un bilan de son côté. Pas de problème. Moi, je suis allée voir mon gynécologue : il m’a d’abord prescrit du citrate de clomifène en comprimés, pendant quatre ou cinq cycles. Ça ne marchait toujours pas. C’est terrible quand on voit le temps passer ! D’autant que je n’étais plus très jeune, il fallait se dépêcher. Alors j’ai demandé au gynécologue de passer à l’étape suivante, aux piqûres.

    Comment ce sont passées les injections ?
    Je devais aller chez le gynécologue le douzième ou le treizième jour après le premier jour des règles. Il m’examinait pour voir où en était mon cycle, et me prescrivait généralement deux injections tous les deux jours. Puis je revenais quatre jours plus tard, pour voir. Et ainsi de suite. Cela a duré deux ou trois mois. Et puis enfin, ça a marché. Mais… grosse déception, j’ai fait une fausse couche après six semaines de grossesse. Alors on a recommencé. Cette fois était la bonne ! Je viens d’avoir une petite fille ! Elle a trois mois et nous sommes très heureux.

    Avez-vous ressenti des effets secondaires ou des désagréments ?
    Non, absolument aucun. Tout le désagrément est d’ordre psychologique : cette attente de quelques mois devient obsédante, on ne pense qu’à ça. Surtout à mon âge. C’est vrai que je m’y suis peut-être prise tard et je l’ai bien regretté. Mais mon gynécologue était très présent, toujours auprès de moi. Je savais que j’étais bien suivie, et il m’encourageait, même quand j’ai fait ma fausse couche. Il maintenait l’espoir. Et si je peux dire quelque chose, c’est de garder l’espoir et de choisir un bon gynécologue avec qui on peut parler librement, c’est vraiment très important.

    Pourquoi stimuler les ovaires ?

    Le cycle menstruel semble être une mécanique bien réglée : chaque mois, un ovaire produit un ovocyte.

    Ce schéma, simple en apparence, dépend en réalité d’un processus complexe, associant des glandes du cerveau. Un dysfonctionnement de l’ ovulation peut avoir deux origines.

    > Lorsque les ovaires sont malades, comme c’est le cas des ovaires polykystiques par exemple, ils ne peuvent pas fonctionner correctement. La croissance et la maturation des ovocytes s’en trouvent bloquées, et l’ovulation ne se fera pas ou se fera mal (elle donnera alors des ovocytes immatures, incapables d’être fécondés).

    > Mais les ovaires fonctionnent aussi sous la direction de deux glandes : l’hypophyse et l’hypothalamus. Situées à la base du cerveau, ce sont elles qui agissent sur la maturation de l’ovocyte et sur l’ovulation, par l’intermédiaire de deux hormones – la FSH et la LH – sécrétées par l’ hypophyse. Ces hormones hypophysaires interviennent aussi en régulant les sécrétions hormonales des ovaires.

    Ces différentes étapes s’effectuent selon une partition bien réglée, et la moindre fausse note peut entraîner une certaine cacophonie dans les fonctions reproductives. La bonne nouvelle néanmoins, c’est que la stimulation ovarienne peut être exercée sur chacune de ces trois étapes : directement au niveau des ovaires, au niveau de l’hypophyse, ou bien de l’ hypothalamus. Il existe deux grands types de traitements : la stimulation indirecte par comprimés, et la stimulation directe par injections.

    A qui s’adresse la stimulation ovarienne ?

    Sans fabrication d’un ovocyte, il est évident que l’on ne peut pas être enceinte… Les premières concernées par la stimulation ovarienne sont donc les femmes qui n’ont pas d’ ovulation.

    Celles ayant des ovulations irrégulières, voire très irrégulières, sont également de bonnes candidates au traitement. En effet, lorsque le cycle est de 40 jours ou plus, il est alors bien difficile de cibler le bon moment pour une fécondation naturelle. On pourra donc proposer la stimulation ovarienne :
    > aux femmes ayant des ovaires polykystiques ;

    > à celles ayant souffert d’anorexie par exemple, et dont les cycles sont restés irréguliers, voire absents ;

    > aux grandes sportives dont l’activité physique intense a souvent un effet néfaste sur la régularité du cycle.

    Mais de plus en plus souvent, ce sont des femmes de 38 ans et plus dont l’imprégnation hormonale est déjà sur la pente descendante et qui souhaitent être enceintes, qui consultent.

    Une stimulation ovarienne peut être aussi réalisée dans le cadre d’une fécondation in vitro ( fiv).

    Quels examens passer ?
    Dans tous les cas, le médecin demandera au préalable des examens complémentaires : une prise de sang pour un bilan hormonal, l’exploration des trompes et de l’ utérus par imagerie médicale, et l’analyse de la glaire cervicale pour la patiente (test de Hühner). Un spermogramme, c’est-à-dire l’analyse des spermatozoïdes, ou tout autre examen jugé nécessaire, peut aussi être prescrit chez le partenaire.

    Si tout va bien chez le futur papa, et que les trompes et l’utérus sont normaux chez la femme, une stimulation ovarienne pourra alors être envisagée chez la future maman.

    Comment ça se passe ?

    Il existe plusieurs types de traitements pour stimuler les ovaires. Le plus simple, et le plus ancien consiste à prendre du citrate de clomifène. Il s’agit d’un médicament antioestrogène qui se prend par voie orale sous forme de comprimé.

    Concrètement, on démarre au deuxième jour du cycle et on prend entre un et trois comprimés par jour (en une seule fois) jusqu’au sixième jour. S’il n’y a pas de cycle naturel, le médecin provoquera artificiellement des règles pour pouvoir démarrer le traitement.

    > Avantages du citrate de clomifène : le médicament est relativement facile d’utilisation. Il peut être prescrit par le médecin généraliste et ne nécessite pas un suivi aussi rigoureux que les autres traitements.
    Il est également recommandé en première intention, lorsque l’ infertilité est due à une absence d’ ovulation, ou à une ovulation irrégulière, et lorsque l’hypophyse fonctionne correctement et que le taux d’oestradiol est bon.

    > Inconvénients du traitement : il n’est pas toujours très efficace. Dans 20 à 30 % des cas, il n’entraîne pas d’ovulation. Et même s’il présente peu d’effets secondaires (on note parfois des bouffées de chaleur, des troubles visuels ou des maux de tête), il peut engendrer des fausses couches (c’est le cas pour 15 à 20 % des grossesses obtenues après stimulation ovarienne).

    > Les précautions à prendre : un suivi échographique régulier des ovaires est indispensable pour éviter les grossesses multiples. Comme dans tous les traitements de stimulation ovarienne, le citrate de clomifène peut provoquer la maturation de plusieurs follicules (à l’intérieur desquels se trouvent les ovocytes). Dans ce cas, les rapports sexules suivants devront être protégés pour éviter la venue de triplés ou de quadruplés.

    Pour en savoir plus, voir notre chapitre sur les risques de la stimulation ovarienne.

    Les injections de gonadotrophines

    Lorsque le traitement antioestrogénique ne fonctionne pas, on peut, après plusieurs cycles (généralement six), envisager d’autres traitements. Il s’agit alors de cibler plus sensiblement les ovaires en utilisant des hormones – les gonadotrophines : FSH et LH – ayant une action directe sur la fabrication des précieux ovocytes.

    Ces hormones vont dans un premier temps favoriser la maturation du follicule (qui contient l’ovocyte). L’ ovulation, elle, sera déclenchée par la suite, à l’aide d’un second médicament. Ces différentes étapes nécessitent ici des injections, et cette fois-ci, seul un médecin spécialisé est en mesure de prescrire ce type de traitement.

    En pratique, les injections se font uniquement par voie sous-cutanée dans un pli du ventre. Elles doivent être effectuées entre le quatrième et le treizième jour du cycle, et de petits stylos (comme ceux utilisés par les diabétiques) permettent de se piquer soi-même, à la maison. Il existe plusieurs sortes de médicaments à base de gonadotrophines (avec des compositions hormonales différentes).

    Ces traitements sont indiqués dans les cas d’anovulation (pas d’ovulation du tout), lorsque l’ hypothalamus ou l’ hypophyse sont en cause, ainsi que dans les échecs du citrate de clomifène.
    Ils sont également utilisés pour les inséminations artificielles ou les fécondations in vitro ( fiv). Les gonadotrophines sont parfois proposées dans les cas de stérilité inexpliquée, mais son action est alors plus ou moins efficace.

    Attention : plus efficaces que le citrate de clomifène, les gonadotrophines présentent, du même coup, davantage d’effets secondaires. Les risques d’hyperstimulation et de grossesses multiples sont plus élevés. Une surveillance extrêmement rigoureuse par échographies et dosages d’estradiol répétés est ici primordial.

    Ovulation et fécondation

    La stimulation ovarienne par gonadotrophines s’effectue en deux temps. Après la phase de maturation des ovocytes, vient le temps de l’ ovulation, elle aussi provoquée sous contrôle médical, une fois toutes les conditions réunies.

    Lorsque l’on peut voir à l’ échographie le développement d’un ou de deux follicules et que, dans le même temps, le taux d’œstrogène est correct, alors, l’ovulation peut être déclenchée.

    On utilise pour cela un deuxième médicament, lui aussi administré par voie sous-cutanée : l’ HCG. Il s’agit d’une autre hormone, normalement produite par le placenta. L’injection est ici généralement réalisée par le médecin. Le moment idéal pour un rapport sexuel fécondant est alors le jour même, ou le lendemain du déclenchement de l’ovulation.

    Notre conseil :
    > Les traitements contre l’ infertilité bouleversent souvent le rythme de la vie d’un couple, et ce qui doit être naturel est alors, dans certains cas, vécu comme un devoir. Pour vivre au mieux cette étape parfois déstabilisante, il est essentiel de communiquer. Préserver l’harmonie, parler librement de ses doutes, de ses frustrations, peut aider à passer ce cap difficile.

    Risques du traitement

    Le recours à la stimulation ovarienne n’est pas sans dangers. En effet, modifier son taux hormonal de manière aussi intense et soudaine peut avoir des conséquences plus ou moins sérieuses.

    Bien au-delà des inconvénients dus à ces fluctuations hormonales, le risque majeur de ce type de traitements est l’hyperstimulation des ovaires. Elle peut se caractériser par une augmentation significative du volume des ovaires, avec notamment l’apparition de kystes. Les cas les plus sévères d’hyperstimulation peuvent entraîner des oedèmes, voire des oedèmes pulmonaires, et dans les cas les plus graves, des accidents cardio-vasculaires (type thrombose).

    Un autre risque de la stimulation ovarienne est, bien sûr, le risque de grossesse multiple. Lorsqu’à l’ échographie on découvre la présence de plusieurs follicules, le plus sage est parfois alors de stopper temporairement le traitement, quitte à « perdre » un cycle, plutôt que se retrouver avec des quadruplés ! De plus, les grossesses multiples augmentent les risques pour la santé de la mère, mais aussi pour le(s) fœtus en augmentant la probabilité de prématurité.

    Notre conseil :
    > Les troubles liés à une éventuelle hyperstimulation se manifestent, en général, une semaine après l’injection d’ HCG. En cas de malaise digestif ou de douleurs abdominales, n’hésitez pas à appeler immédiatement votre médecin.
    Les cas d’hyperstimulation restent rares dans la mesure où les médecins effectuent un suivi rigoureux de leur patiente (échographies et dosages hormonaux réguliers), mais il est préférable de consulter au moindre signe ou changement jugé suspect. Mieux vaut, là aussi, prévenir que guérir…

    Enfin, par mesure de précaution, ce type de traitement ne sera jamais prescrit plus d’un an (12 cycles exactement) pour éviter les risques de cancers hormono-dépendants, en particulier le cancer du sein, le cancer de l’ovaire ou encore de l’utérus.

    Conseils du médecin spécialiste

    Interview du docteur Geneviève Séguela, gynécologue, endocrinologue, et spécialiste de la médecine de la reproduction.

    Diriez-vous que la stimulation ovarienne est une bonne solution ?
    Ah oui ! Ça marche même très bien ! On estime que chez les femmes n’ayant aucune ovulation, le taux de réussite est de 90 %. C’est-à-dire que dans 90 % des cas, on redonne à ces femmes une proportion de chances identique à celle d’une femme dont les cycles sont normaux, soit 25 % de chance de se retrouver enceinte chaque mois.

    Obtient-on d’aussi bons résultats à tous les âges ?
    Non. En fait, chez les femmes de 38 ans et plus, le taux de réussite est quasiment impossible à évaluer. On a à peu près 4 à 5 % de chances de ramener un bébé à la maison… après 40 ans ces chances retombent à 1 à 2 % seulement. D’où ce message à faire passer aux femmes : si vous voulez un bébé, n’attendez pas le dernier moment. Je sais que la vie moderne, le travail, les rythmes de vie ne facilitent pas les choses, mais quand on découvre trop tard un dysfonctionnement chez une femme, il est beaucoup plus difficile d’obtenir une grossesse que chez une femme plus jeune. Et cela malgré toute la batterie de traitements dont on dispose maintenant.

    Ce type de traitements peut-il entraîner des effets secondaires ?
    Des effets secondaires, oui. Il faut faire très attention, notamment aux hyperstimulations ovariennes. Cela peut être extrêmement dangereux, risquant même, dans certains cas, d’entraîner la mort de la patiente. Un suivi hormonal très rigoureux est donc primordial, il faut des dosages hormonaux répétés pour bien vérifier l’imprégnation hormonale, et surtout vérifier qu’il n’y a pas d’hyperstimulation. C’est ça, le principal problème.
    Mais si la surveillance est bonne, il n’y a pas d’effets secondaires particuliers. Peut-être quelques bouffées de chaleur parfois, ou des maux de tête, mais rien de bien méchant.

    Et les risques de cancers ?
    Evidemment, à partir du moment où l’on intervient sur les oestrogènes, il existe toujours un risque de cancers dits hormono-dépendants. Cela dit, on ne prescrit pas ce type de traitements sur de longues durées, justement pour limiter ces risques. Et les statistiques ne montrent pas d’augmentation de cancers en rapport avec ces traitements.